Aller au contenu

Mariam Baouardy

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Marie de Jésus Crucifié

القديسة مريم يسوع المصلوب (ar)

Image illustrative de l’article Mariam Baouardy
Mariam Baouardy sous l'habit de carmélite.
Sainte
Naissance
Abellin, Galilée
Drapeau de l'Empire ottoman Empire ottoman
Décès (à 32 ans) 
Bethléem, Empire ottoman
Nom de naissance Mariam Baouardy

مريم العذراء البواردي (ar)

Autres noms Mariam, la petite Arabe
Nationalité Drapeau du Liban Libanaise, Palestinienne
Ordre religieux Ordre des Carmes déchaux
Vénéré à Chapelle du carmel de Bethléem
Béatification  Rome
par Jean-Paul II
Canonisation  Rome
par François
Vénéré par l'Église catholique, ordre du Carmel
Fête 26 août

Mariam Baouardy (en arabe : مريم العذراء البواردي), en religion sœur Marie de Jésus Crucifié (en arabe : مريم يسوع المصلوب), née le à Abellin, en Haute Galilée, décédée le à Bethléem, est une religieuse carmélite déchaussée, connue pour diverses manifestations mystiques.

La définition de la nationalité de Mariam Baouardy est difficile à indiquer car elle a vécu dans l'Empire ottoman, aujourd'hui disparu, qui regroupait en son sein diverses populations et nationalités. Aujourd'hui, le village natal de Mariam, Abellin (en), fait partie de l'État d'Israël (voir la carte sur I'billin (en) qui n'existait pas à son époque). L'origine libanaise de ses parents la fait parfois qualifier de libanaise, alors que son lieu géographique de naissance lui fait attribuer une origine palestinienne. Le Saint-Siège la considère comme palestinienne[1],[2].

Elle est béatifiée en 1983 par Jean-Paul II. Sa canonisation a eu lieu le . Elle est liturgiquement commémorée le 26 août (mais aussi le 25 ou le , suivant les pays).

La famille Baouardy, de rite melkite et d'origine libanaise, voit ses douze garçons mourir en bas âge. Les parents décident de faire un pèlerinage de 170 km jusqu'à Bethléem pour prier Dieu de leur accorder une fille par l'intercession de la Vierge Marie[3]. Cette fille naît neuf mois plus tard le . On lui donne le nom de Marie, Mariam. Elle est baptisée et confirmée suivant le rite grec-melkite catholique. L'année d'après, un garçon, Boulos, vient agrandir la famille.

Ses parents meurent à quelques jours d'intervalle quand elle a trois ans. Mariam et son frère sont séparés et ne se reverront plus. Elle est recueillie par un oncle paternel, tandis que son frère Boulos est recueilli chez une tante maternelle.

À l'âge de 8 ans, elle fait sa première communion. Puis peu de temps après son oncle (et elle-même avec toute la famille) part s'installer à Alexandrie[4].

À l'âge de 13 ans, son oncle veut la marier. Elle refuse car elle se sent appelée à consacrer sa vie à Dieu. Elle s'enfuit. Un musulman la recueille, mais comme elle refuse de renier sa foi catholique, cet homme lui tranche la gorge. Il la croit morte et la dépose dans une rue d'Alexandrie. Mariam se réveille dans une grotte où une sœur vêtue en bleu la soigne pendant plusieurs mois. Mariam racontera plus tard, à ses sœurs religieuses, avoir reconnu en cette femme la Vierge Marie[5].

À partir de cette époque-là, Mariam étant seule au monde, travaille comme servante là où le destin la conduit : Alexandrie, Jérusalem, Beyrouth. Elle aboutit à Marseille.

Vie religieuse

[modifier | modifier le code]

Sœurs de Saint-Joseph de l'Apparition

[modifier | modifier le code]
Sœur Marie de Jésus Crucifié.
Au Carmel de Pau. Mariam Baouardy deuxième en haut à gauche.
Église et monastère des Carmélites déchaussées de Bethléem, peu de temps après la construction.

À 19 ans, elle entre comme novice chez les Sœurs de Saint-Joseph-de-l'Apparition à Marseille[6]. Elle ne sait ni lire ni écrire, et ne parle pas bien le français. Au bout de deux ans, elle n'est pas admise à prononcer ses premiers vœux. Sa maîtresse des novices, Mère Véronique de la Passion l'oriente vers un autre ordre religieux : le Carmel.

Elle entre alors au Carmel de Pau comme sœur converse et y reçoit le nom de sœur Marie de Jésus Crucifié[7].

Trois ans plus tard, en 1870, Mariam fait partie d'un petit groupe qui part fonder le premier Carmel en Inde, à Mangalore[8]. Elle prononce ses vœux perpétuels à Mangalore le . En 1872, elle est renvoyée au Carmel de Pau en France par l'évêque de Mangalore.

En 1875, après une vision, elle permet à la congrégation des Prêtres du Sacré Cœur de Jésus de Bétharram de voir ses constitutions agréées douze ans après la mort de leur fondateur, l'abbé Michel Garicoïts. La même année, elle fait partie du groupe de dix carmélites dirigées par Mère Véronique de la Passion, qui quittent Pau pour fonder un nouveau Carmel à Bethléem en Terre sainte. Elle s'occupe particulièrement des travaux de construction du nouveau couvent, étant la seule à parler l'arabe[9]. Elle meurt le dans sa 33e année à la suite d'une chute et d'une fracture du bras qui a entraîné une gangrène.

Grâces mystiques et charismes

[modifier | modifier le code]

Le biographe Amédée Brunot a rapporté dans son ouvrage[A 1] les nombreux dons mystiques qu'a reçus Mariam et dont des proches ont témoigné : extases[A 2], lévitations[10],[A 3], stigmates de la passion[A 4], don de prophétie[A 5], don d'ubiquité[A 6], transverbération du cœur[A 7], apparition et visions de nombreux saints[A 8], don de poésie[A 9]. Une de ses visions a contribué à l’identification du lieu saint d’Emmaüs (Luc 24,13).

Mariam était perçue comme humble, obéissante et charitable selon son épitaphe[A 10]. Mariam considère ses propres dons mystiques, qui suscitent des incompréhensions parmi ses contemporains, comme étant « des maladies »[11].

Béatification et canonisation

[modifier | modifier le code]
Tombe de Mariam Baouardy au Carmel de Bethléem.

Elle est béatifiée le par le pape Jean-Paul II[12],[13].

Sa fête liturgique est célébrée le jour de son décès, soit le 26 août. Dans l'ordre des Carmes déchaux, le étant réservé à la fête de la Transverbération de sainte Thérèse[14], la mémoire de Marie de Jésus Crucifiée est célébrée le 25 août, sauf en France, car le 25 est la fête de Saint Louis. En France, la fête de Mariam est donc exceptionnellement célébrée le 30 août (pour respecter les ordres de priorité liturgique). Dans l'ordre du Carmel, sa fête est célébrée avec rang de mémoire facultative[14].

Le , le pape François a reconnu un miracle obtenu par l'intercession de la bienheureuse Mariam Baouardy, ce qui permet sa canonisation[15]. Elle a été canonisée le en présence de Mahmoud Abbas, président de l'État de Palestine[16],[17].

  • « Où est la charité, Dieu est aussi. Si vous pensez à faire le bien pour votre frère, Dieu pensera à vous. Si vous faites un trou pour votre frère, vous y tomberez ; il sera pour vous. Mais, si vous faites un ciel pour votre frère, il sera pour vous »[18].
  • « Tout le monde dort. Et Dieu, si rempli de bonté, si grand, si digne de louanges, on l’oublie !… Personne ne pense à lui !… Vois, la nature le loue ; le ciel, les étoiles, les arbres, les herbes, tout le loue ; et l’homme, qui connaît ses bienfaits, qui devrait les louer, il dort !… Allons, allons réveiller l’univers ! »[10]
  • « Il n’y a que l’amour qui peut remplir le cœur de l’homme. Le juste avec l’amour et une pincée de terre est rassasié ; mais le mauvais, avec tous les plaisirs, les honneurs, les richesses a toujours faim, toujours soif. Il n’est jamais rassasié. »[19].
  • « Esprit-Saint, inspirez-moi ;
Amour de Dieu, consumez-moi ;
Au vrai chemin conduisez-moi ;
Marie, ma Mère, regardez-moi ;
Avec Jésus, bénissez-moi ;
De tout mal, de toute illusion,
De tout danger préservez-moi »[19].
  • « Entre Jésus et l'orgueilleux, il y a l'épaisseur d'une montagne. Entre Jésus et l'âme humble, il y a l'épaisseur de la mousseline la plus fine… »[11]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. (it) « VII Domenica di Pasqua : Santa Messa celebrata dal santo padre Francesco con il ritto della canonizzazione » [PDF], sur vatican.va, Office des Célébrations Liturgiques du Souverain Pontife, (consulté le ).
  2. « Quatre religieuses proclamées saintes par le Pape François », Vatican Information Service,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Bienheureuse Marie de Jésus Crucifié/Sa vie », sur Le Carmel en France, carmel.asso.fr (consulté le ).
  4. « Mariam, sa vie, l'enfance », sur Les carmélites de Terre sainte, carmelholyland.org, (consulté le ).
  5. « Bienheureuse Marie de Jésus Crucifié Baouardy », sur Abbaye de Saint-Benoit, abbaye-saint-benoit.ch (consulté le ).
  6. « Mariam sa vie - Marseille », sur Les carmélites de Terre sainte, carmelholyland.org (consulté le ).
  7. « Bienheureuse Mariam de Jésus Crucifié », sur Le Carmel en France, carmel.asso.fr (consulté le ).
  8. « Mariam sa vie - Carmel de Mangalore », sur Les carmélites de Terre sainte, carmelholyland.org (consulté le ).
  9. « Mariam sa vie - Bethléem », sur Les carmélites de Terre sainte, carmelholyland.org (consulté le ).
  10. a et b « Mariam sa vie - Retour Pau », sur Les carmélites de Terre sainte, carmelholyland.org (consulté le ).
  11. a et b « Saint d'hier et d'aujourd'hui, sainte Marie de Jésus-Crucifié », Magnificat, no 273,‎ , p. 371.
  12. Jean-Paul II, Homélie pour la béatification de la carmélite Mariam Baouardy (13 novembre), vol. 80, La Documentation catholique, (réimpr. 1864), p. 1145-1148.
  13. Jean-Paul II, « Discours du pape Jean-Paul II aux pèlerins venus pour la béatification de sœur Marie de Jésus Crucifiée », sur Libreria Editrice Vaticana, vatican.va, (consulté le ).
  14. a et b Les heures du Carmel (trad. du latin), Lavaur, Éditions du Carmel, , 347 p. (ISBN 2-84713-042-X), p. 177 et 179
  15. Anita Bourdin, « La bienheureuse Mariam appelée au secours d'un nouveau-né », sur zenit.org, Zenit, Le monde vu de Rome, (consulté le ).
  16. « Bientôt trois nouvelles saintes », Radio Vatican,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. (en) Stephanie Kirchgaessner, « Pope Francis canonises 19th-century Palestinian nuns », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  18. « Mariam sa vie - Le carmel de Pau », sur Les carmélites de Terre Sainte, carmelholyland.org (consulté le ).
  19. a et b « Mariam - Florilège de textes », sur Le Carmel en France, carmel.asso.fr (consulté le ).

Livre d'Amédée Brunot, Mariam, la petite arabe :

  1. Brunot 2009, p. 37 à 74.
  2. Extases rapportées par le témoignage de carmélites à Pau.
  3. Dans l'enceinte du Carmel de Pau, des carmélites l'ont vues plusieurs fois perchée en haut d'un tilleul, « sur de petites branches trop fines pour porter son poids ».
  4. Notes du Carmel de Pau, témoignage du Père Lazare à Mangalore, témoignage de la maîtresse des novices mère Marie de l'Enfant Jésus au Carmel de Béthléem.
  5. En 1869, durant le concile Vatican I, Mariam signale la position de trois bombes qui doivent exploser durant le concile. Par ses indications, elles ont pu être désamorcées à temps. Mgr Lacroix confirme par écrit certaines prophéties et vision au cardinal Antonelli dans une lettre du .
  6. Témoignage de sœur Joséphine des religieuses de saint Joseph de l'Apparition (rapport en 1895 du phénomène observé par elle en 1876 sur l'île de Chypre alors que Myriam est en Palestine).
  7. Autopsie du cœur réalisée le jour de son décès par M. Carpani, chirurgien de Jérusalem en présence de témoins qui rédigent un rapport et le signent. Le à Pau, les docteurs Aris et Ecot signent un nouveau rapport qui déclarent : « Il est difficile de donner une explication scientifique ». Le cœur portait une blessure qu'on aurait dit produite par une large pointe de fer. Les deux lèvres de la plaie étaient desséchées, signe de l'ancienneté de la blessure.
  8. Visions de saints rapportées par le témoignage de carmélites.
  9. Les personnes qui l'ont connue témoignent que, même à la fin de sa vie, Mariam ne savait ni lire ni écrire le français correctement, qu'elle le parlait avec des fautes grammaticales, mais néanmoins elle serait l'auteur de poèmes qui auraient impressionné par leur qualité des intellectuels. Voir les exemples de poèmes intégrés dans sa biographie pages 69 à 72.
  10. Épitaphe gravée sur sa tombe « J.M.J.T. Ici repose dans la paix du Seigneur la sœur Marie de Jésus Crucifié, religieuse professe de voile blanc. Âme de grâce et de vertus singulières, elle se distingua par son humilité, son obéissance et sa charité. Jésus, unique amour de son cœur, l'a rappelée à lui dans la 33e année de son âge, et la 12e de sa vie religieuse, à Bethléem, 26 août 1878. Requiescat in pace ! »Brunot 2009, p. 171.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Joachim Bouflet, Mariam : Une sainte arabe pour le monde, Éd. du Cerf, mai 2022, 528 p. (ISBN 978-2-2041-4592-3)
  • Document utilisé pour la rédaction de l’article Amédée Brunot, Mariam, la petite Arabe : sœur Marie de Jésus-Crucifié, 1846-1878, proclamée Bienheureuse le 13 novembre 1983 par Jean-Paul II, Paris, Salvator, , 10e éd. (1re éd. 1981), 184 p. (ISBN 978-2-7067-0668-4)
  • R.P. Pierre Estrate, Mariam sainte palestinienne, ou la vie de Marie de Jésus crucifié, Paris, Téqui, coll. « Les saints du monde », , 399 p.
  • Recueil de pensées de la Bienheureuse Marie de Jésus crucifié, Éditions du Serviteur, Ourscamp, 1993
  • M. Sister, A.C. Carol, A Strange destiny, Bangalore, 1989
  • René Schwob, La légende dorée au-delà des mers, Éd. Bernard Grasset, 1930, 354 p.
  • Maurice Barrès, Une enquête au pays du Levant, Plon, 1923, Lire en ligne sur BnF Gallica

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes

[modifier | modifier le code]